Leopolds Elksnis, stage of Gada reportāža, 1965 © Nationalas kino centrs/Ivars Seleckis

Poétiques baltes • Estonie, Lettonie, Lituanie

Le 7 janvier 2026

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1 film

Le choix de s’intéresser en 2026 aux cinématographies des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) entre les années 1960 et le tout début des années 2000 n’est pas fortuit. L’intention n’est pas de comparer les époques, encore moins de décréter que l’histoire se répète. Mais il y a dans cette programmation de multiples et fertiles échos aussi bien à l’histoire qu’aux tensions géopolitiques actuelles de ces pays en contact frontalier direct avec une Russie qui n’a pas renoncé à la reconstitution de son « empire ».

Cette rétrospective se centre néanmoins sur le cinéma avant tout et joue volontairement sur au moins deux paradoxes. Le premier est de faire correspondre les termes « poétique » et « documentaire ». Façon de tordre le cou à un cliché tenace : non, la poésie et l’imaginaire n’appartiennent pas à la fiction, ils comptent aussi, ni plus ni moins, dans le documentaire. Le second paradoxe tient dans le fait que la grande majorité de la production dont on rend compte s’est faite dans le système des studios documentaires au temps de l’URSS, c’est-à-dire sous contrainte et surveillance. C’est dans ce contexte que naissent les films d’Antanina Pavlova, Herz Frank, Valeria Anderson, Ivars Seleckis, Andres Sööt, Henrikas Šablevičius…

« Nous avions des caméras et du temps. » Voilà comment le directeur de la photographie et cinéaste Ivars Seleckis décrit la condition de cinéaste en URSS. Si ces deux libertés se mettent à exister, c’est quand s’amorce, après 1956, la déstalinisation. Des brèches s’ouvrent ainsi en URSS, le cinéma s’y infiltre : la subjectivité et les expérimentations formelles font leur retour, la réalité artistiquement documentée se substitue aux plus grossières fictions de la propagande. Le cinéma dont est faite cette rétrospective devient possible. L’idée « poétique » qui préside à ce programme riche de 52 films repose sur des recherches formelles se souciant d’une expressivité découlant des moyens propres au septième art, faisant appel au sensible, à l’implicite, à la sensation. Cette langue cinématographique repose sur une école de l’image d’une stupéfiante virtuosité. Allégorie, association d’idées, rythmique : le montage tient aussi une place de choix, parfois dans l’héritage direct des avant-gardes, mais on observe un glissement vers des œuvres plus contemplatives.

Cette « poétique » contient dans ce contexte de création une dimension authentiquement politique, mettant en tension art et idéologie – autre écho de cette rétrospective avec notre présent. Cette recherche d’une langue poétique, d’un idéal où le cinéma ne serait rien d’autre que du cinéma, est une façon de s’émanciper de la langue du pouvoir. Nous proposons de suivre pas-à-pas cette passionnante quête.

Arnaud Hée
programmateur de la rétrospective

  • Arts / Culture

Projection

Accompagnement

Est-il facile d'être jeune ?

FORUM DES IMAGES (PARIS, Île-de-France)

Dans le cadre de «Poétiques baltes • Estonie, Lettonie, Lituanie»

Structure organisatrice

Partenaires

Estonian Film Institute / Nacionālais kino centrs / Lietuvos kino centras / Lithuanian Culture Institute / Meno Avilys / Kinema / Ateliers Varan / CinéBaltique / Collectif 50/50 / Sorociné / Cahiers Du Cinéma / Télérama

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