Quais des Docs est une association sétoise qui met en valeur le cinéma documentaire à travers des projections accompagnées de rencontres avec les réalisateurs et réalisatrices. Elle propose chaque mois plusieurs séances autour d’œuvres variées, et organise également deux temps forts : le festival Hors-Circuit, consacré aux films peu diffusés, et Doc Music, dédié aux liens entre musique et documentaire.
Pouvez-vous nous présenter Quais des Doc
Quais du Doc est une association basée à Sète qui projette des documentaires depuis huit ans. Il n’y a pas de thématique précise, mais nous avons deux règles : projeter toujours en présence de la réalisatrice ou du réalisateur, et organiser une rencontre après la projection. Ces échanges abordent à la fois le fond du film, son sujet, et sa forme, ses choix de réalisation et de montage. Nous projetons entre deux et trois films par mois. Depuis quelque temps, nous développons aussi deux festivals :
-
Hors-Circuit, une sélection de films peu produits et peu diffusés, projetée sur quatre ou cinq jours, désormais tous les deux ans (la prochaine édition en 2026).
-
Doc Music, un festival récent, avec huit films mêlant musique et documentaire.
Quelles sont les dates et la fréquence de vos festivals ?
Hors-Circuit se tenait chaque année en novembre. Depuis deux éditions, nous procédons à un appel à films et recevons environ 150 propositions pour n’en retenir qu’une quinzaine. La prochaine édition devrait avoir lieu en 2026, probablement en septembre ou octobre. Quant à Doc Music, il se tient tous les ans mais est plus espacé dans l’année.
Pouvez-vous préciser le type de documentaires présentés lors de Doc Music ?
Pour Doc Music, c’est un mélange de films expérimentaux et de documentaires plus classiques. Par exemple, notre première projection a été We Don’t Care About Music Anyway, un film sur la musique noise à Tokyo. Mais nous avons aussi des films plus biographiques, dans le sens de « plus linéaires ». Dans tous les cas, le réalisateur ou la réalisatrice sont là aussi toujours présent·e, et nous abordons toujours la forme du film autant que son propos. Mais contrairement à Hors-Circuit, Doc Music est plus espacé dans l’année. Les projections devraient avoir lieu dans une salle appelée Le Dancing (mais pas que) un lieu pluridisciplinaire qui accueille aussi des concerts et des expositions.
Comment se passe la sélection des films ?
Nous avons un comité de visionnage composé d’une dizaine de personnes pour Hors-Circuit, et parfois un peu plus pour Quais des Docs. Les films sont retenus à partir du moment ou au moins quatre ou cinq membres votent pour eux. Quais des Doc compte une vingtaine de membres actifs et environ 80 adhérents. Parmi eux, certains sont professionnels du documentaire (réalisateurs, monteurs, etc.), d’autres simplement passionnés. C’est un fonctionnement très collégial.
Comment se déroule votre programmation annuelle ?
Le comité de visionnage se réunit une fois par an pour sélectionner les films. Un référent est désigné pour chaque projection : il contacte le réalisateur ou la production, récupère les éléments de communication, s’occupe de bonne réception du DCP par le cinéma, puis anime le débat et gère l’accueil du réalisateur. Nous prévoyons des défraiements pour les intervenants (hébergement, transport, participation au débat). L’an dernier, nous avons projeté plus de 40 films (festival Hors-Circuits inclu) ; cette année, nous visons environ 35. Je suis personnellement membre de Quais des Doc depuis plusieurs années.
Envisagez-vous des séances entre cinéma et autres disciplines artistiques ?
Oui, nous l’avons déjà fait, notamment à la rentrée de Quais des Docs. Nous projetons parfois un film accompagné d’un concert ou d’une performance. Par exemple, cette année, nous avons projeté Soudan, souviens-toi de Hind Meddeb, précédé d’une performance théâtrale. Selon certains sujets spécifiques, nous pouvons aussi faire intervenir ponctuellement des experts d’autres associations pour enrichir le débat, notamment sur des films à forte portée sociale ou politique, comme des documentaires sur l’accueil des migrants, la Palestine ou bien encore tournant autour des questions LGBT.
Quelle est la démographie/sociologie de votre public ?
Notre public est plutôt âgé, ce qui est fréquent pour le documentaire. Cependant, nous avons aussi des jeunes spectateurs, notamment lors des festivals. Nous travaillons aussi à développer la présence des scolaires, avec des ateliers dans les lycées suivis de projections publiques animées par les élèves eux-mêmes (et là encore, en présence des réalisateurs et réalisatrices), ce qui a été fait pour la première fois en 2025.
Avez-vous une anecdote marquante lors d’une rencontre avec le public ?
Oui, lors d’une projection de Voyages de documentation de Madame Anita Conti de Louise Hémon. La réalisatrice n’ayant pu venir, nous avons invité la compositrice Julie Normal. Dans la salle, certains spectateurs connaissaient très bien la pêche en mer dans les années 50 et ont posé des questions très concrètes et précises, auxquelles ni l’invitée ni moi-même n’avions les réponses, tant cela sortait de notre champs de compétence. Mais cela a donné lieu à un échange passionnant et inattendu, où les spectateurs ont partagé leurs connaissances, créant presque de manière autonome un « débat dans le débat ». Et on a appris des choses…
Pourquoi avoir rejoint le réseau de La Cinémathèque du documentaire ?
Quais des Docs est membre depuis cinq ans. Cela permet de rencontrer d’autres structures, notamment en région et à Paris, et de participer à des projets collaboratifs. Par exemple, nous travaillons actuellement sur un ciné-concert en partenariat avec l’Institut Jean Vigo, Doc-Cévennes et d’autres structures de la région. Le film, composé uniquement d’archives autour du thème des vacances, sera accompagné de compositions musicales jouées en direct lors d’une tournée de projections.
Avez-vous des recommandations ?
Je vais volontairement choisir des films récents que nous avons projetés cette année mais il y en aurait bien d’autres :
- Les Oubliés de la Belle Étoile de Clémence Davigo : trois hommes se réunissent pour confronter, 40 ans plus tard, la direction de l’institut catholique qui les a abusés dans leur jeunesse.
- Château Rouge de Hélène Milano : sur des collégiens à Paris confrontés au déterminisme social lors de leur orientation à la fin de l’année de troisième (un film qui nous a été recommandé par l’ACID - Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) avec qui nous avons noué un partenariat régulier.
- Voyages de documentation de Madame Anita Conti de Louise Hémon : un film d’archives sur la pêche en mer dans les années 50, accompagné d’une musique originale faite d’ondes Martenot et surtout de la lecture des carnets de bord de la fameuse Anita Conti, alors embarquée seule sur un chalutier au milieu de 60 marins-pêcheurs.
Date de mise à jour :