Lascar. Depuis combien de temps n’avez-vous pas entendu ce mot dans les médias ? Depuis que Nicolas Sarkozy a banalisé le mot « racaille », ces deux termes se confondent et s’entremêlent dans des logiques racistes, coloniales et classistes qui hantent la France en vérité depuis bien longtemps, mais dont la médiatisation est devenue particulièrement intense ces 30 dernières années. Alors comment s’emparer de ces termes ? Comment les tordre, les étirer et se les approprier ?

« Car Lascar n’est pas juste au loin, mais tout près, à portée de coups. […] Des réseaux, streaming, à la radio, podiums, apps, rap et autres prix de divertissement massif… Lascar est partout comme nulle part. À la juste(sse) distance exotique d’être sauvé·e mais gardant mains immaculées ». De toute évidence, s’approprier ce mot relève d’une tâche plurielle, cela se fait en collectif : il s’agit de collaborer tout de suite de manière à fournir et gonfler ces termes d’imaginaires foisonnants, d’images nouvelles ou préexistantes que l’on tord, colore et réexploite jusqu’à les faire exploser. Le faire de manière groupée, attaquer de chaque côté ces mots qui nous enferment, comme un couteau-suisse d’armes poétiques, numériques, tectoniques : politiques. Mais surtout, surtout, composer un ensemble d’individualités qui se confrontent pour faire faillir l’idée que les personnes « issues de l’immigration » constituent une figure figée.

C’est à mon sens ce que propose(nt) le(s) film(s) collage collectif(s) Sol In The Dark qui s’attache(nt),entre documentaire et fiction, à organiser une immersion dans le monde des « sur-images » et des « sur-mots » propres à l’ère connectée dans laquelle nous évoluons. Usant d’une imagerie afro-futuriste, ce bout à bout de 5 épisodes pensés par une multitude d’artistes est également pensé en résonance avec un outil web en cours de développement, consistant en une base de données collaborative. La rumeur de lascar n’en a donc pas fini de se répandre. »

Fadoua Boudelal