À la rencontre du réseau LCDD #26 : Aymeric Monségur, directeur et Nina Guyot, responsable action culturelle de Bordeaux Rock (Bordeaux)

Bordeaux Rock est une association dédiée à la valorisation de la mémoire et de la vitalité musicale bordelaise. Fondée en 2004, elle organise des concerts, édite des disques et soutient les musiques indépendantes. La Cinémathèque du Documentaire a rencontré Aymeric Monségur, directeur et programmateur, ainsi que Nina Guyot, responsable culturelle et médiation, pour évoquer le travail de l’association, qui propose chaque année trois rendez-vous majeurs : le festival de musique Bordeaux Rock en mars ainsi que Musical Écran en novembre, un festival de documentaires musicaux venus du monde entier.

Pouvez-vous nous présenter l’association Bordeaux Rock et ses origines ?

L’association Bordeaux Rock a été fondée en 2004 par d’anciens acteurs de la scène rock bordelaise des années 1980. Leur objectif était de raconter et de préserver l’histoire du rock à Bordeaux. À l’origine, le travail de l’association s’inscrivait dans une démarche patrimoniale : rééditer les disques de groupes emblématiques des années 80, valoriser cette mémoire musicale et projeter des documentaires retraçant cette histoire. Au fil du temps, Bordeaux Rock a élargi son champ d’action, en projetant de nombreux documentaires musicaux et en explorant toutes les formes de musique à travers le cinéma.

Comment est né le festival Musical écran ?

L’idée du festival est née naturellement de ces premières projections. En 2015, nous avons lancé Musical écran, un festival entièrement dédié au documentaire musical. Depuis, il s’est imposé comme un rendez-vous incontournable : cette année, nous en célébrons déjà la 11ᵉ édition.

Quelles sont vos autres activités en dehors de ce festival ?

En dehors de Musical écran, nous organisons tout au long de l’année des concerts, ainsi que le festival Bordeaux Rock, qui se déroule au printemps. Nous menons également des actions de médiation et d’éducation à l’image autour du documentaire musical, destinées notamment aux publics scolaires et aux personnes éloignées de la culture. Ces actions prennent la forme de projections et d’ateliers participatifs.
 

Pouvez-vous nous présenter cette 11ᵉ édition de Musical écran ?

L’édition 2025 se tiendra du samedi 8 au samedi 15 novembre, dans sept lieux différents : le cinéma Mégarama (ouverture et clôture), le Théâtre Molière, le FRAC, la MECA, Bien Public, l’Institut Cervantes et la Maison Basque. Le festival proposera 30 documentaires musicaux, dont 15 avant-premières nationales, avec 23 invités attendus. Plusieurs séances seront gratuites, notamment à la Maison Basque et à l’Institut Cervantes , qui soutiennent respectivement le cinéma basque et espagnol,  ainsi qu’au FRAC et à la MECA.

Existe-t-il un thème central pour cette édition ?

Nous n’avons pas de thème imposé, mais certaines tendances se dégagent : cette année, plusieurs films mettent en lumière des anti-héros, des figures queers ou encore des artistes LGBT. Le reste de la programmation est essentiellement consacré à des portraits d’artistes.

Des personnalités sont-elles attendues cette année ?

Oui, nous espérons la venue du bassiste des Sex Pistols, Glen Matlock, pour présenter I Was a Teenage Pistol, ainsi que l’équipe du film Roots of French Dub : the Story of Improvisators Dub. Ce sont toujours de beaux moments d’échanges avec le public.

Comment sélectionnez-vous les films présentés ?

Nous procédons de deux manières : d’abord via un appel à films, qui nous permet de recevoir chaque année plus d’une centaine de propositions, puis à travers nos prospections dans d’autres festivals, en France et à l’étranger. Le comité de programmation, composé de sept personnes (quatre femmes et trois hommes), visionne et discute collectivement chaque film avant de valider la sélection finale.

Comment organisez-vous la programmation des séances ?

Nous devons composer avec plusieurs paramètres : la disponibilité des invités, les films d’ouverture et de clôture, ou encore la cohérence des journées. Nous veillons à alterner les styles pour permettre aux spectateurs de découvrir des univers différents sans saturation.

Organisez-vous des ciné-concerts ?

Non, nous nous concentrons exclusivement sur le documentaire musical. En revanche, nous proposons des soirées musicales lors de l’ouverture et de la clôture du festival.

Vous êtes membre de la Cinémathèque du Documentaire. Depuis quand et pourquoi ?

Nous en faisons partie depuis 4 à 5 ans. L’objectif est d’intégrer un réseau d’acteurs partageant nos outils et nos valeurs autour du documentaire. Cela nous permet d’échanger, de collaborer et de développer des initiatives communes, notamment avec d’autres festivals comme le Grand Bivouac ou Sœurs Jumelles à Rochefort.
 

Une anecdote marquante à partager ?

La venue du DJ Laurent Garnier reste un moment fort. Après avoir assisté à la projection du documentaire qui lui était consacré, il a tellement apprécié l’ambiance qu’il est revenu l’année suivante comme membre du jury. Cette année, nous serons d’ailleurs invités à projeter des films au festival Yeah de Laurent Garnier, à Lourmarin, en juin. C’est une belle preuve des liens durables nés de ces échanges.

Avez-vous des documentaires à recommander ?

Jimmy Somerville, rebelle queer de la pop anglaise : un très beau film sur un artiste des années 80, évoquant la lutte contre le sida et l’engagement politique dans la musique.

They All Came Out to Montreux : un documentaire sur l’histoire du Festival de Montreux et son fondateur Claude Nobs, avec des archives rares de Bowie, Miles Davis ou Nina Simone.

Roots of French Dub : the Story of Improvisators Dub : un film consacré au premier groupe français de dub électronique, pionnier d’une scène qui a inspiré ensuite des artistes comme High Tone ou Zenzile.

Ukraine Fire : à travers la scène rock et underground ukrainienne, on observe la résistance culturelle née en temps de guerre. Le film suit notamment le groupe Dakh Daughters montrant comment la musique devient un acte de survie et de liberté face au conflit et à la censure.

 

 

 

Entretien réalisé par Boris Voisin, en stage à la Cinémathèque du documentaire.

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