Échos-ci, Échos-là est une association qui développe des espaces de rencontres et d’échanges autour des pratiques artistiques et culturelles. Elle propose des ateliers, des événements et des temps conviviaux favorisant la création collective et le partage d’expériences. Elle organise chaque année au mois d’octobre, à Labastide-Rouairoux dans le Tarn, le Festival du film documentaire Échos d’ici, Échos d’ailleurs, sur les pas de Christophe de Ponfilly.
Pouvez-vous nous présenter l'association Échos-ci, Échos-là ?
Échos-ci, Échos-là est d’abord née d’une association de parents d’élèves dans une petite ville rurale où l’offre culturelle était limitée. Leur volonté était de permettre aux jeunes d’accéder au cinéma, au théâtre, surtout au théâtre au départ, et à la musique. Par la suite, Christophe de Ponfilly, ami de l’association, a confié tous ses films en souhaitant qu’ils continuent à vivre. De cette initiative est né le festival du film documentaire, il y a 18 ans. Depuis, le festival s’appelle Échos d’ici, Échos d’ailleurs – Sur les pas de Christophe de Ponfilly et, chaque année, au moins un de ses films est programmé.
Pouvez-vous nous présenter la 18e édition du festival Échos d'ici, Échos d'ailleurs et le thème de cette année ?
Le thème de cette année, "Vivre mais ensemble", est né d’une réflexion sur la nécessité de “faire société”. L’humain est un être grégaire : que ce soit en France ou ailleurs, nous devons apprendre à vivre ensemble. Nous avons donc choisi des films qui abordent cette question dans différents contextes, ici et dans le monde. Le parrain du festival est Reza, photographe international qui connaissait bien Christophe de Ponfilly. Comme lui, il est allé en Afghanistan, notamment aux côtés du commandant Massoud, et a mené une carrière de photographe de guerre pour des médias comme National Geographic. Nous présenterons le film « Futur Reza et le futur du monde » en sa présence. Nous proposons aussi « Animus Femina », d’Éliane de Latour, qui explore la relation entre femmes et animaux à travers quatre portraits. A l’issue du film, le compositeur du film, Piers Faccini, donnera un concert en images, accompagné de rushes transmis par la réalisatrice. La soirée d’ouverture, s’appuie sur un ciné-concert. Après avoir mis à l’honneur Christophe de Ponfilly, la Cinémathèque de Toulouse proposera cette année « Turksib, la route d’acier », un film d’époque en noir et blanc, accompagné à l’accordéon par Virgile Goller.
Quel·les réalisateur·rice·s seront présent·e·s cette année au festival ?
Parmi eux, Mathias Théry, qui présentera quatre films, dont un de Christophe de Ponfilly, Gilbert Kelner viendra avec « Tiroir-caisses, tontines et solidarité ». Benjamin Montel sera présent pour «Samedi soir », co-réalisé avec Antonin Boutinard-Rouelle. Sarah El Younsi présentera « Keeping the Music Alive ». Olivier Bertrand viendra pour « Presque libre ». Sarah Mallégol sera là avec « Kumva, ce qui vient du silence ». Myriam El Hajj proposera en avant-première « Journal intime du Liban ». Jérôme Clément-Wilz présentera Ceci est mon corps ». Enfin, Éliane de Latour accompagnera «Animus Femina ».
Comment sélectionnez-vous les films de la programmation du festival ?
La sélection se fait en plusieurs étapes. Dès la fin d’une édition, je commence à chercher des films que je soumets au comité de sélection. De janvier à mars, nous lançons aussi un appel à films, qui nous permet de recevoir des centaines de propositions. Le comité visionne et choisit collectivement les films retenus. Le thème, lui, est décidé en amont et annoncé en janvier.
Auriez-vous une anecdote marquante qui pourrait refléter l’esprit du festival ?
Avant mon arrivée, un film d’Anne Georget sur le prince du Montenegro a été programmé en 2017 au festival. Le prince était présent, mais au moment de la projection, la copie et l’original du film pourtant laissés à deux endroits différents, ont disparu, volés. Impossible donc de projeter le film. L’invité a alors décidé de raconter lui-même son histoire au public, à la place de la projection. Ce moment inattendu, vécu dans la panique, est finalement resté inoubliable.
Échos-ci, Échos-là mène de nombreuses actions tout au long de l'année en dehors du festival, pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, nous travaillons toute l’année, notamment auprès des scolaires, sous différentes formes : projections-débats, ateliers animés par des réalisateurs, etc. Nous proposons aussi deux projets particuliers : D’une vallée à l’autre, mené en partenariat avec une association voisine située de l’autre côté de la frontière Tarn-Hérault, et La Caravane du Doc, organisée depuis trois ans avec le réseau des jardiniers du parc. Ce dernier projet consiste à projeter, dans des jardins privés, des films en lien avec la nature et l’environnement. La Caravane du DOC propose quatre projections en extérieur pendant l’été, et D’une vallée à l’autre programme six films au printemps.
Pourquoi avoir rejoint le réseau de la Cinémathèque du documentaire ?
Nous en faisons partie depuis environ trois ans. Nos valeurs sont proches et nous partageons une même dynamique autour du documentaire. Nous cherchons aussi à travailler en réseau, notamment en Occitanie, pour créer des circulations de films. Aujourd’hui, nous collaborons par exemple avec Lasalle, la médiathèque de Nîmes, le Quai des Docs à Sète ou encore l’Institut Jean Vigo. Nous travaillons actuellement sur un projet de ciné-concert commun.
Entretien réalisé par Sabrina Jacomelli, en service civique à la Cinémathèque du documentaire.
Auriez-vous des recommandations de documentaires à nous partager ?
D’abord « Mon pire ennemi » de Mehran Tamadon, un film à la fois dur et passionnant, qui interroge la torture et la violence à travers un dispositif original. Il sera projeté au festival. Ensuite, « Kumva, ce qui vient du silence » de Sarah Mallégol, qui aborde la question du vivre ensemble après le génocide rwandais, à travers les témoignages des enfants de victimes et de bourreaux. Enfin, « Samedi soir » de Benjamin Montel et Antonin Boutinard-Rouelle, choisi par notre comité jeunes. Ce film suit différents groupes de jeunes et interroge leur rapport au monde, leur citoyenneté et leur vision de l’avenir.
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