Le FIDMarseille est un festival international de cinéma organisé chaque année, au début de l’été, au cœur de Marseille. De nombreuses premières mondiales et internationales composent sa programmation, parmi une centaine de films, fictions et documentaires, films d’artistes, courts et longs-métrages. La 36e édition aura lieu du 8 au 13 juillet !
Pouvez-vous présenter le FIDMarseille ?
Le FIDMarseille est le Festival International de Cinéma de Marseille. Cette année, nous préparons la 36e édition, qui aura lieu dans une semaine. C’est l’un des plus anciens festivals de cinéma de la région, et il s’est imposé depuis longtemps sur la scène internationale. À l’origine centré sur le documentaire, le FIDMarseille s’est progressivement ouvert, depuis une vingtaine d’années, à d’autres formes cinématographiques : fictions, formats hybrides, courts et longs-métrages. Le documentaire reste au cœur de notre programmation, mais sans cloisonnement. Nous ne classons pas les films par genre : qu’ils soient documentaires, expérimentaux ou narratifs, tous sont montrés ensemble dans les différentes compétitions. Le festival en compte cinq : la compétition internationale, la compétition française, la compétition Premier Film – qui nous tient particulièrement à cœur car elle met en avant de nouveaux talents –, la compétition Flash pour les formats courts, et la compétition Ciné+ qui, seule, accepte des films en première française. Tous les autres films doivent être présentés en première mondiale ou internationale, ce qui constitue une véritable spécificité du FIDMarseille. En parallèle de la sélection officielle, nous proposons également un autre programme intitulé les Autres Joyaux, d’une vingtaine de films, sans critère de première. Nous y présentons notamment des films restaurés, des œuvres rares ou atypiques, qui n’entrent pas forcément dans les compétitions mais que nous souhaitons valoriser pleinement.
Quelles sont les spécificités de cette 36ème édition ?
Cette année, pour la sélection officielle du FID, nous avons retenu 76 films. À cela s’ajoutent une cinquantaine d’œuvres hors compétition, dont deux rétrospectives et plusieurs cartes blanches. Pour la rétrospective principale, nous mettons à l’honneur Radu Jude, cinéaste majeur de la Nouvelle Vague roumaine, encore peu connu du grand public en France, ce qui devrait changer rapidement. Il produit beaucoup, a gagné l’Ours d’or à Berlin, et nous lui consacrons une rétrospective de 17 films. Il donnera une masterclass, sera présent toute la semaine. Un livre lui est aussi dédié, coédité avec les éditions de l’Œil à Montreuil, dans la collection One Too Many. Une autre rétrospective mettra en lumière un duo chilien de cinéastes, Carolina Adriazola et José Luis Sepúlveda. Ils travaillent ensemble depuis 20 ans et ont réalisé cinq long-métrages dans une logique très libre, hors des circuits classiques, avec un cinéma incroyable, engagé et très punk. C’est leur première rétrospective hors Amérique latine. Ils seront en résidence à Marseille avant et pendant le festival. Nous sommes particulièrement heureux de les inviter et de faire découvrir leur travail. Nous pensons que ce sera l’une des grandes découvertes de cette édition ! Parmi les autres temps forts, le programme Some Strings, lancé par deux cinéastes productrices, rassemble cette année plus de 100 courts films (3 à 7 minutes) en soutien à la Palestine. Ces films seront projetés en cinq séances quotidiennes suivies de rencontres avec des cinéastes. Nous proposons aussi plusieurs séances spéciales avec nos partenaires : Doc Alliance, la région Sud, le MAC de Marseille et le conservatoire de musique. Le programme jeune public continue dans la Bibliothèque l’Alcazar, avec des séances gratuites dès 6 ans, accompagnées de médiations. Pour la première fois, pendant la semaine du festival, nous sortons un peu de Marseille avec des projections à Arles, pendant les Rencontres de la photo, et à Avignon, pendant le Festival. Radu Jude sera projeté à Arles, tandis qu’à Avignon Pedro Costa présentera un film à la collection Lambert, avec d’autres événements prévus après.
Comment se construit la sélection des films au sein du festival ?
La sélection se construit de deux manières : d’un côté, nous recevons chaque année plusieurs milliers de films suite à un appel à projets — 3 000 cette année, un chiffre en hausse. De l’autre, notre équipe mène un travail actif de repérage. Le comité de sélection est accompagné de plusieurs personnes, que nous appelons des scouts, qui travaillent avec nous sans faire partie officiellement du comité. Nous nous déplaçons beaucoup, en festivals ou sur des plateformes de coproduction, pour découvrir des films en développement ou en montage. Nous ne nous contentons pas de ce qui nous est envoyé : nous cherchons à rester au plus près de ce qui se crée aujourd’hui, en suivant les cinéastes et les producteurs. Entre janvier et avril, un comité de présélection, composé de sept personnes, visionne tous les films reçus ou repérés. Les œuvres retenues sont ensuite vues par le comité final, composé de quatre membres, pendant trois semaines. Ce processus est long, exigeant, et très compétitif. Il aboutit à la sélection officielle, qui compte cette année 76 films. Les rétrospectives et séances spéciales, elles, relèvent d’un autre travail de programmation, indépendant de l’appel à projets. Nous ne fonctionnons ni par thème, ni par critères géographiques. Ce que nous recherchons avant tout, ce sont des formes libres, audacieuses, des cinéastes qui prennent des risques, inventent, explorent. La forme prime sur le sujet. Bien sûr, certains thèmes reviennent — car les films sont un reflet du monde — mais rien n’est imposé ou programmé à l’avance.
Auriez-vous une anecdote à partager qui reflète l’esprit du festival ?
Je pense à Sandra Onana, journaliste à Libération que j’estime beaucoup qui a écrit en 2023 : "Le FID est le festival qui donne l'impression d'être à Marseille comme au centre du monde, à l'endroit où il faut être." Cela me donne l'impression que Sandra a compris ce que nous faisons, l’exigence et la joie que nous mettons dans notre travail pour que le FID reste l'endroit où il faut être.
Pourquoi avoir rejoint le réseau de la Cinémathèque du documentaire et depuis quand en faites vous partie ?
Nous faisons partie du réseau de la Cinémathèque du documentaire depuis 2023. C’est grâce à l’année du documentaire que le lien s’est vraiment noué, même si auparavant nous avions déjà collaboré ponctuellement avec la BPI. Cette initiative a permis un vrai rapprochement. Il faut aussi préciser qu’en 2022, le FID a connu un changement de direction, ce qui a entraîné de nombreuses évolutions entre 2022 et 2023. Notre adhésion à la Cinémathèque du documentaire s’inscrit dans ce contexte de renouveau, mais ce n’est pas la seule raison. L’année du documentaire a permis de mieux identifier les acteurs présents, de créer du lien, et de rendre visibles les structures avec lesquelles nous pouvions collaborer. Depuis, nous avons développé plusieurs projets ensemble. Certains lancés à cette occasion ont été reconduits et enrichis, d’autres ont vu le jour plus récemment. C’est vraiment une dynamique très positive. Nous collaborons également avec d’autres membres du réseau, comme la BPI ou Vidéodrome 2 à Marseille, avec qui nous menons des actions régulières. Par exemple, cela fait deux ans que nous avons lancé un cycle autour de Jean-Luc Godard dont la quinzième séance s’est tenue la semaine dernière.
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