A la rencontre du réseau LCDD #1 : Martine Sin Blima-Barru des Archives Nationales

Les Archives nationales font partie du réseau de la Cinémathèque du documentaire depuis 2022. Martine Sin Blima-Barru, responsable du département de l’administration des données aux Archives nationales, participe activement à la valorisation des archives en collaborant avec d’autres membres du réseau. Entretien.

Avec 80 structures membres, le réseau de la Cinémathèque du documentaire est riche et diversifié : associations, scènes nationales, tiers lieux, salles de cinéma, festivals, cinémathèques, institutions... et les projections sont nombreuses. A la rencontre du réseau LCDD est une série d'entretiens avec les personnes qui font vivre le réseau partout en France. Première escale à Paris, au sein des Archives nationales, pour rencontre Martine Sin Blima-Barru.

 

Pour commencer, pouvez-vous rappeler le rôle des Archives nationales et expliquer votre métier ?

Les Archives nationales regroupent et conservent toutes les archives produites par l'État : celles de la Présidence de la République, des ministères, des opérateurs publics... Elles ont pour missions à la fois de collecter les nouveaux versements d’archives de tout type, les classer, les conserver, les restaurer, mais également de les valoriser, c’est-à-dire de les rendre accessibles et les diffuser. Pour ma part, je suis responsable du département de l’administration des données qui se charge de la pérennisation sur le long terme des données nativement numériques (textuelles, audiovisuelles, applications, etc.) et les métadonnées décrivant et référençant toutes les archives.

Pourquoi est-ce important de valoriser les archives ? De quelle manière le faites-vous ?

Les archives sont un bien commun. Elles appartiennent à tout le monde. Les fonds des Archives nationales sont colossaux et abordent de nombreux sujets. Les possibilités sont infinies. Nos fonds sont accessibles dans nos salles de lecture, mais aussi à l’occasion de nos expositions. Nous avons un service éducatif qui s’adresse aux écoles, collèges, lycées et universités et propose des ateliers.

Travaillez-vous souvent avec les réalisateurs et réalisatrices de documentaire ? Comment les aidez-vous dans leurs projets ?

Nous sommes parfois contactés par des sociétés de productions et des réalisateurs de documentaires. Nous mettons à disposition des archives filmiques en essayant de répondre à leurs demandes. Cependant, je me suis rendue compte que peu de professionnels du cinéma connaissent notre fonds d’archives audiovisuelles. J’aimerais faire connaitre cette ressource en allant à leur rencontre pour la leur présenter. D’autant plus que, une fois les droits d’auteur obtenus, les archives en tant que données publiques sont mises à disposition sans paiement de droits de diffusion, sans restriction de durée ou de territoire.

Vous avez travaillé avec Jean-Marie Montangerand, documentariste, pour ses deux derniers films, comment cette collaboration s’est-elle montée ?

Jean-Marie Montangerand nous a sollicité pour consulter des films conservés aux Archives nationales. Nous nous sommes rencontrés une première fois. Il a commencé par visionner les archives numérisées. Comme elles ne le sont pas toutes, au fur et à mesure de ses demandes, nous en numérisions de nouvelles.

Il a été le premier à découvrir certains films. En tant qu’archiviste, c’est stimulant et réjouissant de les voir réutilisées, d’autant plus que l’audiovisuel occupe une part plus modeste dans nos fonds.

Avez-vous un droit de regard sur la manière dont sont utilisées les archives ? 

Notre démarche est de mettre à disposition les archives et non de faire respecter une certaine mémoire. Le réalisateur est libre dans son utilisation des films. Ce qui compte pour nous, c’est le respect des droits d’auteur. Pour le reste, un encadrement législatif existe et empêche notamment de tenir des propos diffamatoires. Je ne demande pas de visionnage préalable. Justement, je vais découvrir les films de Jean-Marie Montangerand le 2 novembre, lors de la projection. Je ne les ai pas vus jusque-là et me réjouis de les découvrir en même temps que le public.

Les Archives nationales sont membres du réseau de LCDD depuis 2022, pourquoi l’avoir l’intégré ? 

Il me paraissait intéressant de nous inscrire en tant qu’institution conservant des archives audiovisuelles. Adhérer à la cinémathèque facilite les échanges avec le réseau et la valorisation des archives. En assistant aux assemblées, on se rend compte de toutes les actions de diffusion qui existent. D’autant plus que le documentaire est très florissant dans le paysage cinématographique.

Avez-vous de prochains projets de diffusion et valorisation des archives avec d’autres membres du réseau de la cinémathèque ?

Je souhaiterais proposer un nouveau projet de collaboration avec la BPI : celui de montrer la fabrication du Retour des résistantes réalisé par Natacha Giler. Elle m’a contacté pour la première fois en 2019 alors qu’elle recherchait des témoignages oraux de résistantes parlant de leur retour chez elles après la guerre. Elle a réalisé un film uniquement avec des archives, en regardant beaucoup d’images, en écoutant des enregistrements… Par ailleurs, nous réfléchissions à l’amélioration de l’accès du public aux films que nous conservons. Au préalable, nous sommes en train de clarifier les droits associés à chacun des films. Cela permettrait de mieux valoriser ceux qui seraient déjà libres de droits.

Entretien réalisé par Agathe Boidé, en service civique à la Cinémathèque du documentaire. 

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