Communiqué • Décès de la cinéaste hongroise Judit Elek

C’est avec une immense tristesse que la Bibliothèque publique d’information et la Cinémathèque du documentaire ont appris hier 1er octobre le décès de Judit Elek, alors qu’une rétrospective lui est consacrée jusqu’au 23 novembre.

C’est son fils, László Berger, directeur de la photographie et producteur, qui l’a annoncé hier soir : la réalisatrice Judit Elek est décédée hier à l’âge de 87 ans des suites d’une longue maladie.

Son décès survient alors que la Cinémathèque du documentaire par la Bpi lui consacre une rétrospective au Forum des images : « Judit Elek, l’art des yeux ouverts ».

Survivante du ghetto de Budapest, diplômée de l’École nationale de théâtre et de cinéma de Budapest, cofondatrice du Studio Béla Balázs, elle réalise en 1967 son premier long métrage, Où finit la vie ?, présenté à la Semaine de la critique au Festival de Cannes. En 1969, sa première fiction La Dame de Constantinople remporte un vif succès, toujours à la Semaine de la critique. Dans les années 1960, Judit Elek s’inscrit dans le mouvement naissant du « cinéma direct » dont elle est l’une des pionnières. À partir des années 1990, ses films documentaires se penchent sur la douloureuse question de la mémoire juive en Hongrie.

Nous adressons toute notre gratitude aux personnes qui ont permis de valoriser son œuvre, et notamment les structures avec qui nous sommes associé·es pour la rétrospective. Car le cycle s’inscrit dans un élan collectif, porté notamment par le précieux travail de restauration réalisé par le National Film Institute - Hungary, ainsi que l’incroyable détermination d’Extralucid films pour ressortir ses films restaurés en salle l’été dernier, et pour éditer très prochainement l’intégrale de son œuvre en Blu-ray. Nous saluons chaleureusement les efforts de l’Institut Liszt, Centre culturel hongrois à Paris, pour faire connaître au public sa filmographie. Nous pensons également au festival Cinéma du réel, dont elle a longtemps été la correspondante en Hongrie, ainsi qu’aux Amis de Cinéma du réel, dont elle était membre d’honneur.

Et celle que l’on ne pourra cesser de remercier, c’est évidemment Judit Elek.

La perte d’une personne comme Judit Elek, ce n’est pas uniquement la disparition d’une grande cinéaste, ce n’est pas seulement une mémoire du siècle dernier qui se tait. C’est une lumière qui, malgré l’obscurité de notre histoire et les horreurs de notre espèce, continuait de briller, et qui soudainement s’éteint.

Depuis bientôt 88 ans, Judit Elek avait su tracer un chemin qui lui appartenait, avec l’envie de modeler son sort et non de le subir. Elle avait toujours redoublé d’efforts pour s’extraire des étiquettes qui catégorisent et des injonctions qui entravent, connaissant les dangers d’être marquée d’un signe qui scelle et réduit l’identité. À l’heure où les peurs s’expriment avec force, elle nous invitera toujours, avec ses films, à faire un pas de côté et à réinterroger une histoire qui semble sans cesse se rejouer.

Et pour celle qui disait que son travail était toute sa vie, nous pensons que valoriser son œuvre, au sein de cette rétrospective qui continue jusqu’au 23 novembre, est un geste qui prend encore plus de sens aujourd’hui.

Nous exprimons notre soutien le plus sincère à ses proches et aux personnes qui ont travaillé auprès d’elle, depuis des années, à maintenir le cap qu’elle avait fait sien, celui du cinéma.

Date de mise à jour :